Prologue
Cinq joueurs suisses participent à la 37e édition du Berlin Open : Oli Baumgartner, Mike Leu, Peter « Güschtu » Hüsler, Stee Braun et moi-même (Martin Jenny, auteur de cet article et capitaine de l’équipe suisse). Un tournoi riche en tradition et un excellent début pour cette aventure inoubliable dans le monde du disc golf. Je termine le tournoi avec un ACE sur mon dernier parcours. Après la remise des prix, Mike, Oli et moi partons directement pour la Norvège et prenons le ferry à Rostock pour Trelleborg. Hé Oli, c’est une corde, pas une sangle.
Le lendemain matin, nous faisons une petite pause à l’Åle Disc Golf Center où nous rencontrons Camilla Jernberg. Au fait, « hejhej » signifie « bonjour ». Puis nous reprenons la route, il nous reste encore plus de 800 km à parcourir. Un voyage inoubliable à travers la Norvège. La nuit tombe, mais il ne fait pas noir. Nous traversons une vallée escarpée, où d’immenses rivières et cascades dévalent les flancs des montagnes. Le bruit de l’eau qui rugit et gronde résonne le long de la route, des rochers géants jonchent le sol et il y a de l’eau partout.
Langevåg, Alesund
La villa de l’équipe suisse est vraiment géniale ! Trois baies vitrées avec vue sur la mer et la grande baie d’Ålesund. Une cuisine bien équipée, un panier de disc golf et un grand barbecue dans le jardin. Nous enregistrons l’équipe et distribuons deux paires de chaussettes en laine mérinos à chaque joueur. Le soir, Mike joue son practice round (en tant que joueur remplaçant, il ne peut commencer qu’après le dernier practice tee time).
Sur le parcours n° 5, Silva Saarinen, Jenni Karpinen et Jakub Semerad attendent Mike et lui demandent s’il veut jouer. Mike saisit l’occasion et, devant un public prestigieux, lance son Halo-Wraith jaune avec un peu trop de puissance, qui atterrit au milieu du lac. Mais le Vasset DiscGolfPark est un endroit spécial et rend les disques (Vasset signifie d’ailleurs « eau »). Le vaste service des objets trouvés du pro-shop est classé par couleur, c’est un va-et-vient constant. Mike retrouve son Halo-Wraith dès le lendemain. Les Norvégiens sont surpris. Au milieu du lac ? C’est profond là-bas. Mais il y a toujours de forts courants à cet endroit. Malheureusement, le club-house a été cambriolé l’été dernier et plus de 200 disques ont été volés dans le bureau des objets trouvés. Si seulement les gens avaient un peu de décence.
Jonas (DGN) me délivre une accréditation média. Les droits médias de ces Championnats d’Europe ayant été entièrement cédés à DGN, je dois porter un badge média DGN sur le parcours lorsque j’ai mon appareil photo (5D Mark IV avec 70-200F4) à la main.
Opening Ceremony
Le soir, toutes les équipes se rassemblent sur un embarcadère discret mais bien indiqué et se répartissent sur deux bateaux. Ceux-ci partent à l’heure et mettent le cap vers le sud-est en empruntant un passage étroit (Langevåg est une île), puis traversent un immense fjord en direction de l’intérieur des terres. Cinq minutes après le départ, grande agitation dans le chat du capitaine : les Français se sont trompés d’embarcadère et ont raté le bateau. Le bateau le plus rapide embarque les Français peu après à l’hôtel Sundje, puis file à toute vitesse à la poursuite de l’autre bateau, remontant le fjord qui se rétrécit de plus en plus.
Les coupe-vent sont super, le soleil brille et les organisateurs sont en short (leurs pantalons longs sont sur l’autre bateau), mais ils sont heureux que ça commence enfin et que le soleil brille ! Le trajet jusqu’à la cérémonie d’ouverture a été le moment fort de la journée. À notre arrivée, tout le monde a reçu un hamburger et, après quelques brefs discours devant un décor impressionnant, la cérémonie d’ouverture était déjà terminée. Le deuxième moment fort a suivi : le retour. Les voyages en bateau ont vraiment quelque chose de spécial.
La compétition commence
La FPO joue toujours tôt le matin, suivie de la FJ18, de la MJ18 et de la MPO. C’est sans doute une idée de la DGN pour permettre à l’équipe de tournage MDG de se reposer un peu. Les conditions sur le parcours exigeant du Vasset DiscGolfPark, aménagé autour d’un lac, sont variées et très difficiles. Les éléments naturels ont une influence croissante sur la compétition. Eau, vent et OB.
Le parcours est très vivant, la nature, l’environnement et les 150 bénévoles contribuent au bon déroulement de l’événement. Plusieurs enfants ont installé des tables le long du lac et vendent du café, des gâteaux, des boissons fraîches et des chips. La participation publique et le partage des espaces communs sont une tradition en Norvège et sont inscrits dans le droit de chacun. À côté de cela, le système de billetterie du ProTour semble quelque peu déplacé.
La musique qui accompagne l’annonce des joueurs au départ du trou n° 1 est à vous donner des frissons. Après un excellent départ, Natalie termine avec un score de +7 (21e). Tony peine dans le premier tour, mais termine en force avec 2 birdies (+3, 56e au classement intermédiaire). Pour son tout premier roller dans ce championnat d’Europe, Chris trouve exactement l’espace dans la barrière sur le côté gauche. Oli et Chris jouent tous les deux +9 (T79). Les Suisses démarrent le tournoi de manière assez modeste, mais avec des attentes peu élevées, ils développent tout de même un bon drive. Le soir, barbecue en équipe avec Chris et Nadia.
Deuxième tour
Nadia fait le caddie de Chris et filme chaque coup afin que Chris puisse étudier les images et son jeu le soir venu. Au deuxième tour, Chris joue un +7 (birdie avec un roller sur le trou n° 1). Tony est en feu et se bat pour revenir au par. En Suisse, AemJaY publie les vidéos envoyées du tour pratiquement en même temps que les scores en direct. Nos comptes sur les réseaux sociaux sont en effervescence. Sur le trou n° 18, son driver ne revient jamais de l’OB et Tony glisse dans les escaliers. Il termine le parcours malgré la douleur, prend un triple bogey et termine le tour au par (1011 de rating). L’un des ambulanciers barbus de la tente de la Croix-Rouge lui dit qu’à sa place, il aurait aussi terminé le parcours.
Nous décidons finalement d’aller à l’hôpital, Mike nous accompagne. À 23h59, le médecin arrive enfin et examine la radiographie. Ce n’est pas une bonne nuit pour se retrouver dans un hôpital de province. Le diagnostic est toutefois bon. Tony pourrait même jouer s’il arrive à supporter la douleur. J’explique à Tony que l’objectif de ce championnat d’Europe, qui était de se préparer pour l’EMDGC, est en fait déjà atteint pour lui. Et que plus le processus de guérison commencera tôt, mieux ce sera. Le lendemain matin, Tony décide de déclarer forfait.
3e tour – Moving Day
Samedi, le tournoi entre dans sa phase décisive, c’est le Moving Day.
La tempête approche et le temps se dégrade progressivement, mais la compétition se poursuit au plus haut niveau. Niklas Antilla termine la moitié du troisième tour sans bogey. Natalie commence sur la cutline et les erreurs sont inévitables. Le par est bon, le par est très bon ! Avec quelques erreurs de trop (+25), Natalie rate la coupe et termine à la 22e place (+43). Après son DNF, Tony prend le relais de caddie pour Oli, qui avait joué + 15 lors du deuxième tour sur le backnine et qui commence le troisième tour sur l’avant-dernière carte. Malgré des conditions difficiles, Oli réussit trois birdies et termine son championnat d’Europe avec +39 à la 79e place. Chris joue un +13 au troisième tour et termine le tournoi avec +29 à la 75e place. La ligne de cut est à +8.
Tempête et journée finale
En raison de la tempête, les organisateurs adaptent le format de la journée finale, relèvent la ligne de coupe et réduisent le nombre de participants. Le départ de la finale sera donné à 15 heures.
Niklas Antilla (FIN) remporte le MPO avec -32 et 16 coups d’avance sur Timo Hartmann (DE). Eveliina Salonen (FIN) remporte le titre FPO après un playoff avec Kristin Lätt (EST).
Épilogue
Avant même le début de la finale, je prends place dans ma voiture et, 48 heures plus tard, je me gare sur le parking du Salzgittersee, où se déroulent fin août les Masters EM EMDGC, où je vais concourir aux côtés de Stephan Müller dans la catégorie MP50. Paul Francz, tenant du titre, prend le départ en MP65, Tony Ferro, Lukas Schär et Ivo Blättler en MP40 et Mona Blättler en FP40 avec Peter « Güschtu » Hüsler comme capitaine. (Natalie occupe actuellement la première place sur la liste d’attente de l’EMDGC). Le lac est chaud, on peut voir des paniers sur l’île. Le pont est fermé, je traverse à la nage et fais le tour de l’île. C’est un endroit merveilleux pour jouer au frisbee, avec un rough dense et de longs fairways ondulés. Tout autour, le lac, des arbres ombragés et de nombreux oiseaux.
Tony Ferro (SUI.144)
« Je fais partie de l’équipe suisse depuis 2010 et j’ai participé à tous les Championnats d’Europe sauf en 2012 et 2023. C’était la première fois que je jouais en Norvège et j’ai beaucoup aimé le parcours. C’est un parcours difficile mais équitable, et j’étais très motivé pour ces Championnats d’Europe. Le début ne s’est pas déroulé comme prévu, mais j’ai réussi à rester concentré lors du deuxième tour et à corriger mon résultat. C’est dommage que j’aie glissé sur les marches du 18 et que je n’aie pas pu terminer le tournoi, mais heureusement, il n’y a rien de grave. Je garde toute ma motivation et ma concentration et j’ai hâte de participer au ZDGO, aux Championnats suisses, aux Championnats du monde et aux Masters EM ! Merci à toute l’équipe et au capitaine, et surtout à Natalie, qui m’a accompagné et soutenu en tant que caddie. C’était mes premiers Championnats d’Europe où toute l’équipe s’est vraiment soutenue mutuellement, j’ai trouvé cela très beau et incroyablement important. »
Natalie Holloköi (SUI.142)
« J’avais l’impression d’avoir joué trois fois sur un autre parcours. Du soleil et une partie facile, puis un niveau supérieur avec de la pluie et du vent, et enfin un troisième tour avec les prémices d’une tempête. C’était sympa de participer à nouveau à un Open d’Europe en tant que « vétéran » et de pouvoir constater l’évolution de ce sport, tant au niveau de l’organisation que du jeu, en termes de configuration du parcours et de niveau des joueurs. Je suis satisfait de mon tournoi, même si le dernier tour a été ponctué d’occasions manquées. Mais j’ai très bien putté. Je suis fatigué et heureux, et je suis extrêmement reconnaissant à mon caddie Mike Leu. Ça n’a pas de prix ! »
Chris Walker (SUI.374)
« Ce fut une expérience formidable, le plus grand tournoi de ma carrière jusqu’à présent. J’aurais bien sûr voulu mieux jouer, mais c’était aussi une nouvelle expérience pour moi. La prochaine fois, je pourrai aborder une telle compétition différemment, car j’ai beaucoup appris. Je suis très reconnaissant d’avoir pu représenter la Suisse, on se sent beaucoup moins seul quand on joue dans l’équipe suisse. C’est très motivant de voir les meilleurs joueurs d’Europe à l’œuvre et de constater ce qu’il est possible de faire. Cette expérience m’accompagnera pendant les deux prochaines années et me poussera à travailler dur pour améliorer mon jeu. »
Oliver Baumgartner (SUI.377)
« Super temps en Norvège. J’ai vécu plein d’expériences sympas et enrichissantes. C’était ma deuxième participation à la Swiss Disc Golf Team après les Championnats du monde par équipe. C’était incroyablement excitant, passionnant et amusant, et cette expérience a complètement répondu à mes attentes. L’esprit d’équipe était génial, on s’est tous soutenus mutuellement. Le parcours était très difficile avec des fairways étroits, de l’eau et beaucoup d’OB. C’est un très beau parcours, avec beaucoup d’attention portée aux détails. Le tracé était très technique et le vent a encore relevé le niveau. Sur un tel parcours, il faut un bon revers et un bon sidearm, et les parcours sont très longs par rapport à ceux de Suisse. Je sais maintenant beaucoup mieux sur quoi je dois travailler. Dans l’ensemble, j’ai passé un super moment, j’ai hâte de revenir ! »
Mike Leu (SUI.426)
Une expérience incroyable ! Mon point de vue était bien sûr particulier : j’étais venu en tant que joueur remplaçant sans place attitrée et je savais que mon rôle dans l’équipe serait avant tout celui d’un soutien. Dès les tours d’entraînement, toute l’équipe suisse était réunie. C’était important et cela a permis de souder l’équipe. Pour moi, c’était très important, car j’ai pu voir le jeu de toute l’équipe et cela m’a permis de mieux travailler en tant que caddie. Pour les prochains Championnats d’Europe, je trouverais important de consacrer encore plus de temps à la préparation du parcours, afin d’analyser précisément son tracé et ses conditions et de prendre les dispositions nécessaires. L’ambiance était excellente, malgré des résultats parfois décevants. En tant que joueur, je retire beaucoup de ces Championnats d’Europe et cette expérience m’a beaucoup appris. Je suis encore plus motivé pour m’entraîner de manière ciblée !
